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2000    Combat dans l'île    5 x 560cm
PAYSAGES DEROULES

Depuis toujours, j’aime la Chine.
Enfant, j’accompagnais souvent ma mère visiter un des lieux les plus mystérieux qui soient à Paris : le musée Cernuschi.
J’y passais des après midi entières, fascinée, à détailler ces surprenants paysages déroulés, entre réel et imaginaire, ces paysages de «montagne et d’eau» qui me semblaient n’avoir pas de fin, à l’intérieur desquels je me perdais, comme me semblaient perdus les minuscules humains représentés - paysans courbés sous le poids de fardeaux divers, ou moines grimpant vers leurs monastères par d’étroits sentiers escarpés, au flanc de montagnes vertigineuses.

Couleurs improbables, allant du vert émeraude le plus violent aux tons sépia.
Perspectives chinoises si radicalement opposées à celles de l’Occident, avec leurs angles de vue multiples et leurs perspectives doubles, où celui qui regarde n’est plus spectateur, mais partie intégrante du paysage.

Lorsque je déroulai pour la première fois un de ces rouleaux de papier à cigarettes que tous les fumeurs de joints connaissent, je ne fis pas immédiatement le lien avec mes souvenirs d’enfance, mais je pris aussitôt la plume et comme en rêve, je commençai à dessiner, pour ne m’arrêter que six mètres plus tard, à la fin du rouleau... Ensuite seulement s’imposa la couleur, le crayon Caran d’Ache.

Après avoir dévalisé le tabac du coin, je me lançai dans un travail d’écriture-peinture, qui allait durer près d’une année, stoppé net faute de matériel : sur toute la longueur des rouleaux - nouvelle édition - s’étalait à présent la marque du fabriquant, rendant le dessin impossible.

Disparues la beauté de la texture, la finesse du filigrane vergé, la transparence laiteuse, soyeuse du papier. Mais peut-être aussi étais-je arrivée «au bout du rouleau».

L’exposition chez Jacques Elbaz montre pour la première fois un travail achevé il y a une quinzaine d’années déjà - une trentaine de rouleaux.

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2000    Combat dans l'île